2017_09_20_4ème conférence SESAM - le-thillot.com : archives 2017

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HAUTES-MYNES

La pointerolle, le feu et la poudre

En deux siècles d’exploitation des mines, 3 techniques ont été employées. Il est désormais avéré que la révolution générée par l’emploi de la poudre a pris naissance sur le site thillotin en 1617.
En prélude aux célébrations festives du week-end, plus cérébrale mais toute aussi passionnante, Francis Pierre offrait vendredi soir le dernier opus de la série : « Les Vendredis de l’histoire », bien évidemment consacré au thème de cette grande fête : « 1617 -  La poudre noire dans les mines ducales du Thillot ». Devant un parterre copieusement garni, le président de la SESAM a détaillé les techniques employées tout au long de l’exploitation du minerais de la vallée de la Haute Moselle par le Duc de Lorraine, en commençant par les outils originels employés dès le début de l’exploitation des filons locaux : le marteau et la pointerolle. Des outils qui ont laissé de superbes traces dont témoignent encore à ce jour certaines galeries. Une technique que les mineurs avaient appris à optimiser afin de gagner un précieux temps dans leur combat face à la roche dure et que la SESAM a décrypté pour démontrer comment cette méthode permettait aux mineurs de n’avoir jamais à affronter une paroi lisse.
La révolution de la poudre noire n’arrivera que sur la pointe des pieds. Francis Pierre émettait l’hypothèse que, suite à l’arrivée de la poudre pour charger les arquebuses et se défendre des agressions des mineurs de Château-Lambert, certains mineurs lorrains aient commencé à expérimenter la poudre en tant qu’explosif. Que cette explication au demeurant très plausible corresponde à la réalité ou non, l’évolution des techniques intégrant l’explosif s’est faite en douceur, et les archives sont là pour en témoigner.
Le premier document, daté du 4ème trimestre 1617, atteste de l’achat de poudre pour « tirer dans la montagne et faire sauter la roche », une découverte de taille XXL qu’Alain Weber, spécialiste des archives, doit en grande partie au hasard, mais qui permet de détrôner de 10 ans la référence de  Chemnitz ! Quant à Schio, en Italie, la date de 1574 a été « retoquée », l’explosif n’ayant pas servi à des fins minières. Les mines du Thillot détiennent donc - « Pour l’instant, car pouvant être remis en cause par d’éventuelles nouvelles découvertes » avouait avec humilité le président de la SESAM – le privilège de la première utilisation de la poudre noire à des fins minières en Europe.
Cette nouvelle méthode prendra du temps. « La poudre était connue à des fins militaires ou sur des chantiers, mais pas en milieu minier » expliquait Francis Pierre « Il a fallu se familiariser avec son utilisation qui n’est pas sans danger ». A force d’expérimentation, la maîtrise de cette nouvelle technique sera effective, en témoignent les archives, puisqu’en 1627, la quantité inscrite sur les registres atteint plus de 2 tonnes ! De même, la poudre état très chère à l’achat, l’optimisation des techniques permettra d’en réduire la consommation par la réduction du diamètre des fleurets, ces outils servant à perforer la roche avant d’y bourrer la poudre et provoquer l’explosion, sans perte d’efficacité.Une méthode qui permettra également de mettre fin à la technique du feu, utilisée pour fragiliser la pierre, grosse consommatrice de bois et génératrice de dangers d’asphyxie.
Sa conférence terminée, et avant de répondre aux questions issues du public, le président de la SESAM a tenu à braquer les projecteurs en direction des quelques 220 bénévoles ayant pris part aux fouilles et travaux durant les 30 années de recherches s’étalant de 1987 à 2017.
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