En
deux siècles d’exploitation des mines, 3 techniques ont été
employées. Il est désormais avéré que la révolution générée
par l’emploi de la poudre a pris naissance sur le site thillotin en
1617.
En
prélude aux célébrations festives du week-end, plus cérébrale
mais toute aussi passionnante, Francis Pierre offrait vendredi soir
le dernier opus de
la série : « Les Vendredis de l’histoire », bien
évidemment consacré au thème de cette grande fête :
« 1617 - La poudre noire dans les mines ducales du Thillot ».
Devant
un parterre copieusement garni, le président de la SESAM a détaillé
les techniques employées tout au long de l’exploitation du
minerais de
la vallée de la Haute Moselle
par le Duc de Lorraine, en commençant par les
outils originels employés dès le début de l’exploitation des
filons locaux :
le
marteau
et la pointerolle. Des
outils qui ont
laissé
de superbes
traces dont
témoignent encore
à ce jour certaines
galeries. Une technique que les mineurs avaient appris à optimiser
afin de gagner un précieux temps dans leur combat face à la roche
dure et que la SESAM a décrypté pour démontrer comment cette
méthode permettait aux mineurs de n’avoir jamais à affronter une
paroi lisse.
La
révolution de
la poudre noire n’arrivera que sur la pointe des pieds. Francis
Pierre émettait l’hypothèse que, suite à l’arrivée de la
poudre pour charger les arquebuses et se défendre des agressions des
mineurs de Château-Lambert, certains mineurs
lorrains aient
commencé à expérimenter la poudre en tant qu’explosif. Que cette
explication au demeurant très plausible corresponde à la réalité
ou non, l’évolution des techniques intégrant l’explosif s’est
faite en douceur, et les archives sont là pour en témoigner.
Le premier document, daté du 4ème trimestre 1617, atteste de l’achat de poudre pour « tirer dans la montagne et faire sauter la roche », une découverte de taille XXL qu’Alain Weber, spécialiste des archives, doit en grande partie au hasard, mais qui permet de détrôner de 10 ans la référence de Chemnitz ! Quant à Schio, en Italie, la date de 1574 a été « retoquée », l’explosif n’ayant pas servi à des fins minières. Les mines du Thillot détiennent donc - « Pour l’instant, car pouvant être remis en cause par d’éventuelles nouvelles découvertes » avouait avec humilité le président de la SESAM – le privilège de la première utilisation de la poudre noire à des fins minières en Europe.
Cette nouvelle méthode prendra du temps. « La poudre était connue à des fins militaires ou sur des chantiers, mais pas en milieu minier » expliquait Francis Pierre « Il a fallu se familiariser avec son utilisation qui n’est pas sans danger ». A force d’expérimentation, la maîtrise de cette nouvelle technique sera effective, en témoignent les archives, puisqu’en 1627, la quantité inscrite sur les registres atteint plus de 2 tonnes ! De même, la poudre état très chère à l’achat, l’optimisation des techniques permettra d’en réduire la consommation par la réduction du diamètre des fleurets, ces outils servant à perforer la roche avant d’y bourrer la poudre et provoquer l’explosion, sans perte d’efficacité.Une méthode qui permettra également de mettre fin à la technique du feu, utilisée pour fragiliser la pierre, grosse consommatrice de bois et génératrice de dangers d’asphyxie.
Sa conférence terminée, et avant de répondre aux questions issues du public, le président de la SESAM a tenu à braquer les projecteurs en direction des quelques 220 bénévoles ayant pris part aux fouilles et travaux durant les 30 années de recherches s’étalant de 1987 à 2017.