Travaux
salutaires en cours
L’ancienne fortification, après
bien des années laissée à l’abandon, est aujourd’hui entre les
mains d’un passionné qui a décidé de l’entretenir, voire le
restaurer.
Fort
de Servance ou Fort de la Tête de l’Ours du nom de la colline
supportant l’imposant édifice : peu importe l’appellation :
il s’agit bien du fort construit à proximité du col des Croix
entre 1875 et 1877. Durant ces années, ce sont quelques 3000 hommes
qui ont été mobilisés pour la construction de ce « monstre »
de pierre. Dans cette fourmilière humaine, 700 sont venus d’Italie
et de nombreux agriculteurs locaux ont été sollicités, moyennant
rémunération, bien évidemment. « Destiné à accueillir
initialement environ 500 hommes, il n’en a jamais accueilli guère
plus d’une centaine » détaille Emmanuel Baumann,
propriétaire des lieux depuis juin 2015. Un nouveau propriétaire
privé qui succède à celui qui avait acheté les lieux à l’Etat
en 2000, mais qui contrairement à l’ancien possesseur, a d’ores
et déjà entrepris des travaux d’entretien et envisage des
chantiers de restauration à échéance. Une « folie »
particulièrement sympathique qui trouve ses racines dans l’attrait
pour l’histoire de celui qui en a fait son métier : il est en
effet professeur d’histoire et exerce à Belfort. Mais cet attrait
pour l’histoire n’est pas sa seule motivation : durant la
visite depuis le chemin de ronde, l’enseignant n’hésite pas à
s’arrêter pour contempler le superbe paysage offert :
somptueux ! Enfin, le professeur est également un adepte d’
« Airsoft » comme en témoigne la casquette rivée sur sa
tête. Une activité de tir sportif par équipe à laquelle se prête
à merveille l’ancien édifice militaire.« A signaler que les
billes utilisées pour ces jeux sont faites à partir de maïs et
donc totalement biodégradables ! » précise Emmanuel
Baumann.
Des
inscriptions émouvantes
C’est
d’ailleurs avec une équipe d’Airsoft, « Men in Green »,
que le « boss » du Fort a passé un accord :
gratuité pour leurs séances contre coup de main pour les travaux.
Une collaboration qui se révèle particulièrement efficace, témoins
les lieux qui portent les signes des interventions salutaires de
cette équipe. D’autres éléments témoignent également de la
volonté de restaurer, comme l’accès principal entièrement refait
en béton coulé flambant neuf ou encore le portail d’entrée lui
aussi très récent. Des travaux qui ont été confiés à des
entreprises locales de la Haute Vallée de la Moselle. Après avoir
franchi l’énorme fossé, Emmanuel Baumann s’engouffre dans une
ouverture particulièrement discrète pour pénétrer dans l’enceinte
de la fortification. Le pas décidé et soutenu, le propriétaire des
lieux se balade dans les nombreux couloirs souterrains du fort avec
l’aisance que lui confère la connaissance approfondie des lieux.
Il se dirige sans aucune hésitation dans une des nombreuses salles
et s’arrête devant un vieux panneau de bois peint en gris portant
des stigmates du vieillissement, mais supportant des inscriptions
encore bien lisibles « Regardez, c’est émouvant ! »
confie-t-il en s’écartant pour éclairer le panneau avec sa lampe
de poche. Sur le panneau figurent plusieurs traces de crayon
manuscrites, dont une a été laissée par un Mr François Leroyer de
la classe 1887 ! La visite se poursuit avec rythme dans les
dédales du labyrinthe. Un superbe escalier flambant neuf permet
d’accéder au niveau supérieur. Cet ouvrage métallique arbore
fièrement l’identité de ses concepteurs et fabricants du
lycée Raoul Follereau de Belfort section BTS chaudronnerie.