Suite de la visite de l’ancienne fortification, guidée par Emmanuel Baumann, historien-propriétaire passionné des lieux.
L’ascension
de ce superbe ouvrage permet d’arriver au niveau de la « casemate
Mengin », portant le nom de son concepteur. Il s’agit de
l’endroit où était installée la pièce maîtresse de
l’artillerie du fort : un canon de 138mm pouvant envoyer ses
obus à 10 km et protégé par un blindage métallique d’une
dizaine de centimètres d’épaisseur. « C’est un lieu
hautement stratégique » commente l’enseignant « De
cette endroit, il était possible d’atteindre la commune du Thillot
et delà jusqu’au Ménil. Le fort a ainsi été construit de façon
à empêcher la progression de troupes ennemies non seulement côté
Thillot, mais également au Sud, du côté de la vallée de l’Ognon».
Le fort regorge de nombreux autres vestiges spectaculaires
comme cet immense four à bois, situé dans les anciennes cuisines,
apte à fournir du pain à … toute une garnison. Citons encore ces
pièces dans lesquelles étaient stockées les munitions et
explosifs, isolées afin que les eaux ne viennent pas mettre à mal
leurs propriétés explosives et dans lesquelles les sons sont
piégés, donnant la sensation de sons interminables. Enfin, comment
ne pas parler de l’architecture des dortoirs, superbes arc dessinés
pour laisser passer la lumière. Un trésor dont la nature, avec la
patience que chacun s’accorde à lui reconnaître, a repris
largement possession. Mais là encore, les travaux sont entrepris
pour contester cette reconquête. Enjeu : sauver ce lieu chargé
d’histoire.
Propriété
privée
Dans sa démarche, le nouveau propriétaire des
lieux est confronté à une autre difficulté, plus inattendue :
les habitudes. Depuis des années, le lieu est devenu une destination
de promenade pour certains, notamment les curieux, les nostalgiques
d’un lieu où ils venaient jouer étant enfant ou encore les
chasseurs. « Ces violations de propriété privée sont surtout
le fait de personnes côté vosgien » fait remarquer Emmanuel
Baumann. Et ce malgré les informations affichées à toutes les
entrées et les bande de rubalise qui limitent l’accès.
L’enseignant s’insurge : « Il s’agit d’une
propriété privée ! L’accès n’est donc pas ouvert au
public, quel qu’il soit » et de préciser « Le lieu est
loué de temps à autre à des équipes d’Airsoft. Outre le danger
de recevoir une bille, l’intrusion de personnes non autorisées
perturbe le fonctionnement du jeu et remet en cause la qualité de la
prestation ». Par ailleurs, il existe encore sur le site des
« queues de cochon », ces défenses profondément
enfoncées dans le sol et ne dépassant pour certaines que de
quelques centimètres, particulièrement pointues et donc
dangereuses. « Nous en avons enlevé 1443 à ce jour »
précise-t-il « Et nos en retrouvons régulièrement ».