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THEATRE

Dernière de Morteville à la Médiathèque du Thillot
    
Après un moins de novembre très apprécié dédié à Maurice Pottecher et son fils Jean, pacifiste – c’était les 9 et 18 novembre à Fresse et le 28novembre à Bussang ), la troupe RECRE « Vivre et Créer à la Montagne » donnera sa dernière représentation de Morteville à la médiathèque du Thillot, vendredi 15 décembre, à 20h.
Cette pièce créée en 1896, a été jouée la deuxième année du Théâtre du Peuple, et n’avait plus été présentée…depuis 1910. Ceci bien que Pierre Chan, petit fils de Maurice Pottecher, parti en 2004, ait eu pourtant une affection particulière pour cette pièce : à la fin du XX è siècle, il écrivit une musique puissante pour le prologue du « fantôme de Morteville », rôle qui fut celui de Camille Pottecher, « Tante Cam » et qui, 107 ans après est interprété par Evelyne Saint Dizier .
« Une heure vingt de théâtre, digne, généreux et intelligent, offert par une bonne et belle troupe qui honore cet art de faire voir, entendre , ressentir ! » confie Maguy Louis, animatrice d’ateliers d’écriture, venue le 28 novembre à Bussang « Faire toucher du doigt l’humain et l’inhumain .Mes cinq sens ont été touchés…A travers les paroles et les actes sur le plateau, l’odeur du sang et de la haine, comme de l’amour, je les ai respirées  ».
Une représentation qui a également inspiré un comédien parisien professionnel : « Très bon spectacle : on découvre à merveille l’œuvre de Maurice Pottecher, si méconnue en dehors de nos Vosges. Les acteurs servent comme il faut le texte. Je suis agréablement surpris par cette troupe d’amateurs, qui n’a rien à envier à d’autres plus professionnelles... ».

L’Ys vosgienne
L’histoire, Maurice Pottecher l’a tirée d’une légende du Ballon d’Alsace, qui narre, là comme ailleurs en France ou dans le monde, comme à Ys, en Bretagne, ou l’Atlantide, en Méditerranée, une légende de cité fabuleuse engloutie. « Les nuits d’orage, on entend les cloches de Morteville : voilà ce que m’ont rapporté des élèves au collège du Thillot », raconte Vincent Decombis, qui a adapté la pièce .
Une légende persistante, puisque Michel Parmentier a récemment fait une photo d’un panneau la rappelant, près du Rocher du Gouffre sur le versant nord du Ballon, plus vertigineux, où un chaos rocheux crée l’imaginaire de ce déluge, où un long chemin pavé de 500 m, le «  chemin gaulois », venu de la vallée des Charbonniers, évoque une probable antiquité des Lieux.
Et un passé minier, en bas, que Henri Mathieu , historien décédé de la vallée des Charbonniers, avait révélé .
Sur ce mythe puissant de déluge, Maurice Pottecher, désireux de poursuivre son œuvre, après le succès de sa première pièce en 1895, et construisant véritablement son théâtre en 1896, a greffé justement une fabuleuse histoire de ville fastueuse, bâtie sur l’opulence minière, de toute la région d’ailleurs…  
C’est pourquoi, en 2017, RECRE a repris la pièce pour les 400 ans de la poudre dans les Mines, au Thillot. Puis, en novembre, à Fresse, pour les 100 ans de 1917, année de « guerre lasse », (Conférence de Jean Claude Fombaron ), et de pacifisme.

Un Bouddah du Ballon
C’est que là, Maurice Pottecher  a commencé à inclure le thème du jeune héros réconciliateur, généreux, qui est constant dans toute son œuvre  (ainsi Hans, en 1909, et d’autres figures en 1925, 1950, jusque 1955, sa dernière pièce). Héros dont son fils Jean, mort comme infirmier en 1918, sur le front, et né en 1896, sera la parfaite incarnation.
Là, c’est Laurent, interprété par Florent Febvay qui, venu de la ville riche, va à la rencontre des montagnards pauvres et dénués. Une histoire parallèle à celle du prince Siddhartha, devenu Bouddah.
« Un héros qui représente bien le propos républicain de Maurice Pottecher : auprès des montagnards, Laurent se fait réformateur progressiste, et instituteur », note Florian Antoine, auteur d’une thèse sur ce sujet, venu le 19 octobre à Bussang pour les 150 ans de la naissance de Maurice Pottecher, en dialogue avec Simon Delétang .
Peut-on encore rejouer du Pottecher ? «  Oui ! » estime Vincent Decombis. « A condition de resserrer le texte sur l’essentiel, car Maurice Pottecher écrivait de façon très explicative et délayée pour son public de l’époque. Nous avons ainsi resserré « L’anneau de Sakountala » en 2009, des extraits de plusieurs pièces dans le montage sur « Maurice Pottecher ou la jeunesse éternelle », de 2015 à 2017. Et en 1985, au Théâtre du Peuple, Jean Naguel a resserré deux pièces en une : Amys et Amyle , avec grand succès ».
Pour Morteville, ce sont deux récitantes qui redonnent comme un chœur la trame profonde de l’histoire, dans le ton dramatique (Evelyne Saint Dizier) ou caustique (Marie Claude Colin). Le tout ponctué des musiques de Jean Claude Luçon (violon) et Michel Génini (guitare).
« Que Morteville vive longtemps et se fasse  l’écho d’un monde à bâtir ! » ajoute Maguy Louis .
Vendredi 15 décembre à la médiathèque à 20h. Entrée libre.
(avec la complicité de Vincent Decombis)
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