2019_09_30 Le système d'exhaure des mynes - le-thillot.com : l'actualité gratuite du Thillot et Environs - Archives 2019

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LE THILLOT

Mines : le système d’exhaure, une pépite locale

L’eau : principal ennemi du mineur. Comment l’évacuer ? C’est en substance la thématique développée par Francis Pierre de la SESAM, à l’invitation de RECRE dans le cadre de son « Septembre Culturel ».
Il n’en était pas à sa première conférence, mais sa connaissance du dossier, son charisme dans les explications et les démonstrations ont une nouvelle fois fait merveille. « Nous avons trouvé en 2017 et 2018 les éléments qui nous permettent aujourd’hui de comprendre le système hydraulique complexe qui a été mis en place pour sortir l’eau des galerie »  expliquait le président de la SESAM en introduction de son exposé « L’eau était un problème majeur pour les mineurs ».
Préalablement évacuée par seaux par les « tireurs d’eau », l’eau était abondante « Une pluviométrie moyenne de 2 mètres par an » détaillait le conférencier. Les ingénieurs de l’époque se sont donc penchés sur le problème et mis en œuvre des solutions pérennes, dont la pièce maîtresse était une roue de dix mètres de diamètre, disposant de 80 augets d’une capacité de 30 à 40 litres chacun, le moteur d’une vaste mécanique permettant d’actionner des pompes à des distances parfois élevées. Mais pour faire tourner ce moteur, il fallait un carburant : des digues ont été construites, créant  huit étangs d’un volume total de quelques 21 500m3 , permettant d’acheminer l’eau vers les augets qui, par pesanteur, actionnaient la rotation de la roue, le tout en cherchant à économiser ce « carburant » afin de faire face aux périodes de sécheresse et en mettant en place des dérivations afin de protéger le système des crues lors de fortes pluies.
Faire tourner une roue, c’est bien, mais pas suffisant. Il a donc fallu imaginer un système permettant de transférer le mouvement vers les galeries en transformant la rotation en translation. Les perches ou tirants ont donc été mises en place, permettant d’envoyer la force motrice dans les mines, en s’appuyant sur des balanciers ou des varlets, ces derniers autorisant le renvoi du mouvement avec déviation angulaire.
2.5 kilomètres de tirants
«  Nous avons relevé par recoupement entre le terrain et des archives, que les installations sur le secteur s’étiraient sur 2.5 kilomètres, dont 780 mètres pour les mines d’argent de Fresse sur Moselle » détaillait Francis Pierre.
Et au bout de ces tirants, différentes modèles de pompes étaient installées, qui ont été retrouvées pour certaines d’entre elles, dans un parfait état, conservées dans l’eau qu’elles étaient chargées d’évacuer lors de l’exploitation des mines.
« Une chance extraordinaire » confiait-il « Une des pépites du site qui, outre cette richesse du système hydraulique, en comporte trois autres : le paysage minier, une histoire très documentée et les traces des techniques de percement ».
Une histoire que la SESAM a remise au grand jour, à force de rechercher dans les archives, de remuer de la terre sur le terrain, de croiser les données, d’effectuer un long travail de synthèse permettant de nombreuses publications, notamment dans les revues scientifiques spécialisées, le tout complété par de superbes modélisations tridimensionnelles, dont cette roue et ses tirants en pleine action dans le paysage minier : superbe !
La fin de la conférence, quelque peu perturbée par l’animation musicale de la salle Cécile Valence, n’a cependant pas empêché quelques échanges entre l’archéologue et le public, avant de passer à un pot de l’amitié où figuraient en bonne place l’excellent vin de sauge de Francine et l’Hypocras, une réplique ce vin moyenâgeux préparée et proposée par Dominique.
Cette conférence était suivie le lendemain d’une visite sur le terrain.
Les Mines du Thillot parcourent le monde
Avant de débuter la thématique de la soirée, Francis Pierre insistait sur la dimension mondiale prise par les mines locales. « J’ai été contacté par une télévision de Nouvelle Zélande qui préparait un documentaire pour la télévision chinoise » expliquait-il diaporama à l’appui « Ils sont venus deux jours pour le tournage en septembre 2017. Aujourd’hui, le film réalisé est disponible et sa diffusion concerne de nombreux pays, en témoignent des versions en français, en anglais, en allemand, en chinois en russe… ». Un hors-d’œuvre de choix à cette soirée magistrale.
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