2021_03_10 Michel Remy foret - le-thillot.com : l'actualité gratuite du Thillot et Environs

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HAUTE MOSELLE
La forêt à la loupe avec Michel Remy
Après avoir les arpentés de long en large et en travers durant 44 ans dans le cadre de son travail à l’ONF (Office National des Forêts), Michel Remy connait par cœur tous les recoins et spécificités des forêts de Haute Moselle.
L’adjoint au maire de Ramonchamp, conscient des énormes problèmes sanitaires de cette richesse qui s’étiole, livre une analyse nécessairement pertinente de la situation.
La sécheresse est bien évidemment le facteur principal de la dégradation de santé de la forêt. « Nous avons eu plusieurs années de sécheresse et les scolytes se sont multipliés, touchant principalement les épicéas mais aussi, dans une moindre mesure, les sapins et les hêtres dont les petits rameaux sont sensibles et qui, après avoir séché, ne permettent plus la croissance de l’arbre ». Et ce n’est pas tout. Michel Remy ajoute : « Il n’y a presque plus de frêne, suite à la prolifération d’un champignon qui attaque au niveau du collet ».
Une forêt fragilisée donc, mais qui s’est déjà relevée par le passé d’épisodes similaires. « Dans les années 20 – 30, le fonds forestier national a subventionné abondamment des programmes de reboisement qui a permis de replanter des épicéas suite à ce type de problèmes sanitaires qui avait nécessité de nombreuses coupes à blanc » explique-t-il avant de détailler cette bestiole qui pose tant de problèmes. « Les scolytes sont présents en permanence dans la forêt. Cela ne pose pas de problème en temps normal. Mais si les arbres sont affaiblis par la sécheresse, ces coléoptères xylophages entrent en quantité dans l’arbre, s’installent entre l’écorce et l’aubier pour y pondre des œufs en quantité qui deviennent ensuite autant de prédateurs pour l’arbre qui les abrite et ses voisins. On estime que chaque arbre abrite quelques 70 000 insectes ». En temps normal, l’arbre est capable de générer une résine permettant de reboucher le trou pratiqué par les assaillants. « Et il ne faut pas croire que le froid hivernal leur pose des problèmes » commente-t-il « Ils sont bien à l’abri dans leurs galeries et, si le froid devient trop vif, ils descendent dans l’humus pour se réactiver dès que la température approche les 18 degrés ».
Des tentatives ont bien été faites d’attirer les femelles dans des pièges contenant des hormones, mais la quantité d’insectes étant trop importante, l’effet a été limité.
Cette invasion et ses effets désastreux ont pour conséquence directe une importante baisse de revenus pour les communes forestières, qui s’ajoute à des cours qui sont à la baisse depuis quelques années déjà. « A Ramonchamp, nous nous en sortons pas trop mal » détaille le maire adjoint « Mais il a fallu dépasser les volumes normaux proposés à la vente pour générer des recettes satisfaisantes et pallier les prix bas ». Une opération qui a permis de se débarrasser de quelques 12 000m3 en deux ans, dépassant largement les 3 200m3 d’exploitation habituelle, volume que la forêt est capable de régénérer par elle-même sur la commune. « Dans les années à venir, nous aurons obligation de replanter » reprend-il « Et sans avoir les fonds que pouvaient rapporter les ventes… ». Il faudra donc être altruiste pour faire les choix nécessaires à la remise en état de la forêt « On a une gestion à 80, voire 100 ans » détaille-t-il « Et nous aurons à explorer hors des sentiers battus en diversifiant les essences puisque les scolytes sont spécialisés pour une espèce, et orienter les nouvelles plantations vers le chêne – qui est actuellement quasiment introuvable sur le marché des jeunes plants -, le douglas, le pin maritime ou sylvestre ou encore ce mélèze hybride qui pousse relativement vite avec des troncs bien rectilignes et résistant bien à la sécheresse, tout en conservant le principe de jardinage permettant de mêler des arbres d’âges différents sur une même parcelle ». Des discussions sont en cours afin d’obtenir des aides conséquentes – de l’ordre de 80% - pour repeupler les parcelles scolytées. Se posera encore un autre problème : celui de la pression du gibier qui est attiré par les jeunes plants. « Il faudra maintenir l’équilibre afin de limiter la pressions » plaide-t-il « La chasse ou alors réintroduire des prédateurs de ce gros gibier, comme le lynx ou le loup ? Autre solution : grillager les parcelles de repeuplement, comme cela se pratique en Alsace. En tous cas, c’est un véritable casse-tête ! ».
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