2021_05_25 Le Ménil forêt - le-thillot.com : l'actualité gratuite du Thillot et Environs

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LE MENIL
En route vers la forêt mosaïque

(12 photos)
Durant trois heures ce dernier samedi, quelques élus de la commune ont rencontré Yvan Mougel, chargé – entre autres - de la forêt communale et son chef d’unité territoriale Jean-Marc Verdenal. Une rencontre d’une immense richesse qui a permis de toucher du doigt l’incroyable complexité de la gestion forestière.
Autour d’un café – croissant pris au chalet « Tutur », préalablement préparé et chauffé par Cédric Canal, le ton était donné : la rapide présentation du contexte tournait rapidement à des discussions riches et profondes avec, en « vedette américaine », les 570 ha de forêt soumise au régime forestier situés sur le territoire communal, auxquels s’ajoute la forêt privée ainsi que les enclaves appartenant aux communes de Bussang du côté de la Kinsmuss, de Fresse sur les Hauts des Granges et, la plus étendue, au Bonhomme, propriété du Thillot.
Une forêt qui souffre terriblement, au Ménil comme ailleurs, du dérèglement climatique, la sécheresse ayant pour conséquence directe l’affaiblissement des arbres qui sont colonisés par des nuées de scolytes. « 40 000 à 50 000 pour un arbre de 45cm de diamètre » précisait Jean-Marc Verdenal. Résultat, de nombreux arbres malades ou morts et un effondrement des ressources pour les budgets des communes. « Nous avons prévu 50 000€ de recettes de vente de bois » détaillait Jean-François Viry « Alors que nous avons connu des rentrées à hauteur de 230 000 € qui nous permettaient d’alimenter l’investissement ».
Yvan Mougel évoquait la « gestion durable » qui est aujourd’hui mise en avant dans les pratiques de l’ONF, le tout dans un contexte plus que morose pour cet organisme. Un « flop » pour ce qui concerne les moyens octroyés avec, cette année encore, un poste d’agent en moins sur la Haute Moselle, qui ne sont désormais plus que sept. « Il y a vingt ans, il y avait 18  techniciens sur le même secteur » commentait le chef de l’unité territoriale.
Et pourtant, la dimension environnementale du milieu forestier est pleinement reconnue au plus haut niveau, de même que son rôle social. Et cette seconde difficulté à gérer afin de trouver le bon équilibre entre la nécessaire préservation de la biodiversité à laquelle la forêt apporte un concours majeur et son rôle touristique.
Le temps d’évoquer les modes de vente du bois, la sécurité sur les sentiers forestiers, les besoins industriels importants pour certains secteurs de la filière bois dans un contexte de saturation du marché, le besoin de préserver de gros bois « colonne vertébrale de la forêt », l’équilibre forêt – agriculture, les engins forestiers qui sont quelques fois à l’origine de pistes défoncées… et le groupe prenait la direction du terrain du côté des Huttes.
Un premier arrêt pour attirer l’attention des élus sur une parcelle communale non soumise au régime ONF, un second pour tordre le cou à cette vision répandue des forêts mal entretenues en souligner le rôle important des branches restant au sol après une coupe, résidus permettant de générer un humus dont la forêt a grand besoin « Le pire, c’est de les brûler ! » commentait Yvan Mougel. D’autres poncifs ont également été passés au broyeur comme cette idée qui fait croire les arbres sont un ennemi des sources ou encore que le résineux est un mauvais bois de chauffage « A poids égal, il émet même plus de calories que d’autres essences » insistait Yann Perrin.
Une troisième pause permettait de visualiser le danger potentiel que représentent des arbres très malades qui menacent un chalet en cas de gros coup de vent.
Enfin une dernière halte au niveau de la parcelle 43 sur le haut des Huttes. Une parcelle ravagée par le scolyte face à laquelle les discussions se sont orientées en direction des actions à entreprendre. « Dans un premier temps, je conseille de faire intervenir une pelle araignée qui se chargera de regrouper les branches en tas » expliquait Jean-Marc Verdenal « Ensuite, il faut tenter, avec toute l’humilité nécessaire… ». Laisser du temps à la nature pour une régénération spontanée ? Replanter ? Et si oui, quelles essences ? Demander aux chasseurs d’être bien présents aux abords de ces zones de semis afin de limiter les dégâts occasionnés par la faune sauvage… Dans ce flot de questions, une certitude subsiste : profiter du plan de relance, dont tout le monde s’est accordé pour dire qu’il était inadapté car beaucoup trop court en terme de délais, pour cependant saisir cette opportunité de diversification des essences à replanter…
« La forêt de demain ne sera celle d’aujourd’hui » concluait le responsable ONF de Haute Moselle « Ce sera nécessairement une forêt mélangée, une forêt mosaïque ».
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