LE THILLOT
Jean-Marie Claudon : itinéraire cycliste d’un épris de liberté
Jean-Marie Claudon : itinéraire cycliste d’un épris de liberté
« A l’opposé du tourisme de masse qui déverse sans
efforts ses hordes de déambulants dans des sites parfois conquis de haute lutte
par de véritables aventuriers, mais qui trouvent aujourd’hui sur le tracé
minuté des tour-operators, j’ai essayé de pratiquer le voyage, celui que l’on
construit soi-même, fuyant autant que faire se peut les sentiers battus. Je
rencontrerai par hasard des gens du cru avec qui j’échangerai ou tenterai
d’échanger, tirant parfois leur portrait pour conserver leur souvenir quand la rencontre
aura été suffisamment authentique ». Cette profession de foi, Jean-Marie
Claudon l’a déposée en bonne place dans le livre qu’il vient d’écrire et qui
vient de paraître « Regards sur mes voyages à vélo ». Un opus de
quelques 340 pages dans lequel il raconte ses 14 voyages dont le plus long
(7050 km) en 2010, qui lui ont permis de totaliser 47 650 km en visitant
25 pays.
« Depuis longtemps l’idée me trottait dans la tête de partir sur les
routes pour une destination lointaine, de satisfaire à ce besoin de découverte
et de liberté, poussant toujours plus loin le minimalisme qui accroit encore le
niveau de liberté » écrit-il encore. Après un galop d’essai de 1800 km
dans le Sud de la France en 2005, il se lance deux années plus tard dans la
découverte du Grand Nord pour une boucle de 6000km. Des périples devenus
annuels qui ont bien évidemment généré quelques soucis, que le cycliste
thillotin se refuse à considérer comme des galères, mais plutôt comme des
contrariétés, citant par exemple ces sept jours et sept nuit de pluie
continuelle en redescendant du Grand Nord ou encore le vol de son vélo :
« C’est le jeu ! » s’amuse-t-il « Il y a toujours eu une
issue favorable ». Non, le voyageur s’en remet à ses innombrables
rencontres riches de spontanéité et de profondeur : « J’ai rencontré
beaucoup de gens heureux, surtout dans les pays pauvres » confie-t-il
« Ces rencontres m’ont beaucoup apporté et énormément changé mon regard
sur le monde ».
Et ce ne sont ces quelques mauvaises rencontres qui sont de
nature à modifier une opinion qui s’est construite dans le dur au fil de ses
pérégrinations qui lui ont permis de plus de s’imprégner de ces cultures très
diverses sur lesquelles il a eu tout
autant le regard de l’ethnologue que celui du visiteur amical. Dans un style
empreint d’humanisme, il raconte ces gens simples, ouverts, bienveillants tout
autant que ces paysages grandioses ou ses rencontres insolites avec la faune,
dont certaines ont généré un intérêt particulier, mêlant la curiosité,
l’admiration et quelques fois un peu de crainte comme ces ours rencontrés au
Canada… A chaque fois qu’il en a eu l’occasion, Jean-Marie n’a pas hésité
descendre de son vélo pour sortir son appareil photo et immortaliser le moment.
Certains clichés figurent en bonne place dans les pages centrales de son livre
aux côtés de ses descriptions souvent pointues des paysages, se laissant
quelques fois aller à la poésie et s’ouvrant largement à ses notes de voyage
qu’il prend au quotidien sous sa tente après avoir envoyé un message à Line son
épouse quand les conditions de réseau le permettent.
Aujourd’hui, avec le recul, il est pleinement conscient que « filer
doux » à sa façon est aussi un moyen de protéger une planète qui est
agressée de toute part. Il n’hésite pas à dénoncer les systèmes politiques qui
pervertissent, de même que cette technologie qui nous encombre aujourd’hui et
nous fait perdre la contact avec la nature. « Se ressourcer de temps à
autre dans les quelques entendues sauvages que la furie dévastatrice de l’Homme
n’a pas encore tout à fait saccagé est un luxe qui ne durera peut-être
pas » conclut-il.
« Regards sur mes voyages à vélo » de Jean-Marie Claudon, est
disponible au tarif de 20€ chez l’auteur cycliste au 8 route de la Haute
Mouline Le Thillot. Contact par email à jeanmarieclaudon@gmail.com