FERDRUPT
Moselle : « la claque environnementale »
(5 photos)
Moselle : « la claque environnementale »
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Antoine Benzada, le « patron » de l’Amicale des Pêcheurs
de Ferdupt hésite entre colère et indignation. « On nous parle de
préserver la continuité écologique des rivières en effaçant des seuils, mais
regardez ! ». Le bras tendu vers la Moselle à hauteur de la mairie de
la cité, il commente : « En ce moment, il n’y a plus beaucoup d’eau.
Si ce seuil disparait, le poisson cherchera en aval des endroits où l’eau est
suffisante pour lui. La rivière sera donc désertée de tout poisson qui ne
remontera qu’une fois les hautes eaux revenues. Les seuils ont donc leur
importance pour le maintien des poches d’eau. Il suffit de quelques
aménagements ici ou là pour permettre au poisson de revenir à son lieu de vie
initial ». Le président met en avant son expérience pour déjouer un autre
argument de ceux qu’il nomme des « technocrates » n’ayant pas
connaissance du terrain « Ils nous parlent également des invertébrés qui,
pour l’essentiel sont des larves de mouches. Une fois sorties de leurs
chrysalides, elles sont tout à fait capables de voler et remonter la rivière en
passant outre les seuils » avant de dénoncer « Tout est décidé à
Paris et les directives pleuvent, sans tenir compte des réalités locales. Ils
feraient mieux de s’occuper des rejets qui polluent la Seine ! ».
Reprenant son exposé, Antoine Benzada constate, là encore en montrant du doigt
la rivière. « La moitié de la Moselle est encombrée de galets en
provenance des Fontenys au Thillot, suite à la destruction du seuil qui se
trouvait dans le secteur ».
Président depuis 32 années
Il poursuit : « Ils s’accumulent ici et constituent un obstacle de choix à la libre circulation de l’eau. Regardez : la moitié de la rivière bloquée par cet amas de cailloux est envahie par des algues générées par les produits agricoles et les eaux usées qui ne sont pas collectées. De l’autre côté, l’eau est claire et, en remontant un peu la Moselle, on peut trouver d’autres algues naturellement présentes qui servent d’abri à ces invertébrés que l’on veut protéger. Cette montagne de galets devrait servir à renforcer les berges, comme notamment à la sortie du village où la RN66 est menacée par l’érosion… »
Celui qui, avec ses 32 années de présidence qu’il a débuté en quittant une Fédération Départementale jugée trop contraignante, se marre : « Ils font des pêches électriques pour ramener le poisson dans les zones où il y a de l’eau, en amont des seuils ! ». Pour aller encore plus loin, le président n’hésite pas à citer des exemples significatifs de retour d’expériences menées au Canada ou dans les Alpes Maritimes. « Après avoir effacé les seuils, ils font maintenant marche arrière en les remettant en place ! ». A l’heure actuelle, quatre des cinq seuils présents sur la commune sont programmés à la disparition. Antoine Benzada entend se battre pour maintenir ces ouvrages utiles aux agriculteurs, aux industriels et aux pêcheurs.