Autrefois fleuron de la restauration et de l’hébergement touristique, l’établissement a lentement sombré pour devenir une « verrue » dans le paysage de la commune qui a été détruite il y a quelques jours. Page d’histoire.
Katherine Robert-Chanal, fille des anciens propriétaires n’est pas insensible au sort de ce bâtiment dont elle garde un souvenir ému. Loin des Vosges depuis de nombreuses années, elle a suivi autant que faire se peut l’évolution de la situation de ce bâtiment dans lequel elle a passé sa prime jeunesse. « C’est une grande tristesse » confie-t-elle « C'est le travail de nos parents qui est parti en fumée, en ruine, et une page de notre vie qui vient de disparaitre ».
Une page qui a débuté en 1953, année qui a vu André et Madeleine Chanal, hôteliers de St Dié, quitter leur établissement pour s’installer à Saint Maurice où ils venaient d’acheter l’établissement appartenant préalablement à Jacques Georges, industriel, ancien maire et président de l’UEFA. Un bâtiment que les nouveaux propriétaires s’emploieront à développer. « Papa fera construire une extension, avec notamment une grande salle permettant d’accueillir les mariages, les groupes en autocar et, à l’étage, de nouvelles chambres » se souvient Katherine « Le fleurissement était également au centre des préoccupations de mes parents. Un cadre magnifique qui a pleinement joué son rôle dans l’attribution des 3 Etoiles ». Une reconnaissance qui passera également par de nombreux guides, dont les célébrissimes Michelin et le Gault et Millau, portant ainsi très haut la réputation des nombreuses spécialités culinaires « maison », comme le tournedos Rossini, le poulet de Bresse aux Morilles ou encore les roches de Morteville, un dessert superbe et très haut de gamme à l’époque, composé de glace vanille, de meringue et de chocolat.
La
participation à des salons professionnels en France et à l’étranger
permettra de capter une large clientèle, leur permettant notamment
de rencontrer Paul Bocuse. Une clientèle qui était souvent « haut
de gamme », internationale, Jacques Georges y recevant
régulièrement pour le football ou dans un cadre de négociation de
contrats industriels. « Je me souviens aussi que le rallye des
Tulipes ramenait une grosse affluence quasiment une semaine avant la
montée du Ballon ». La fille des anciens propriétaires se
souvient également avoir vu passer des chanteurs et des comédiens,
ainsi que des voitures aussi prestigieuses que luxueuses qui ne
manquaient pas de faire rêver nombre d’habitants de la vallée.
Elle se remémore également cette anecdote croustillante :
«J'étais gamine. J'avais surpris la conversation d'un client qui
appelait sa femme pour lui dire qu'il y avait de la neige et que
c'était plus prudent de passer la nuit en sécurité.... J'ai été
surprise et j'ai dû en parler à papa car il n'y avait pas un flocon
de neige au sol... Il m'a expliqué qu'on ne devait pas écouter et
rapporter ce que l'on pouvait entendre ou voir. Par la suite, j'ai
compris que la dame qui accompagnait le monsieur était sans
doute....blanche neige.... ».
Autre souvenir, mois
anecdotique et qui aurait pu connaître une fin dramatique : le
cambriolage survenu en 1980. C’était un dimanche en soirée. Alors
que l’établissement allait fermer ses portes, 4 hommes se sont
’introduit en cuisine en passant par une fenêtre. Sous la menace
de leurs armes, ils se sont fait remettre les espèces contenues dans
la caisse (environ 2500 Francs) avant de prendre la fuite, effrayés
par le chien de l’établissement.
Trente années de descente aux enfers...
La belle histoire ne va pas tarder à s’arrêter. En 1983 André fait valoir ses droits à la retraite et vend le Relais des Ballons à Michou et Claudette Hatier, alors propriétaires du « Cheval Blanc » au Thillot (devenu depuis le Crédit Agricole). « Papa y allait encore pour épauler et transmettre son savoir-faire aux repreneurs, afin de pérenniser l’affaire » se rappelle Katherine. Mais en 1985, un premier incendie frappe l’établissement. Suite à ce sinistre, des propositions de rachat ont été faites, notamment pour y transférer les services de la mairie, mais toutes demeurées sans suite. Le Département s’en est également mêlé en communiquant via Vosges Développement (voir la fiche), là encore, sans succès. Commence alors le temps des squats et visites « pirates », occasionnant la gêne, voire la colère du voisinage. Jusqu’à ce nouvel incendie en juillet 2016 qui décidera la commune, sous la houlette de Thierry Rigollet, à mettre en œuvre une procédure administrative de dangerosité qui aboutira donc à la destruction du bâtiment. Le dernier chapitre étant écrit, le livre peut désormais se refermer sur cette trsite fin...
Note : Contactée, Mme Hatier n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet