2020_07_28 Tourbière de la Charme 1 - le-thillot.com : l'actualité gratuite du Thillot et Environs

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HAUTE MOSELLE

Tourbière de la Charme : un trésor historique
Les tourbières ne sont pas rares en Haute Moselle. Si certaines sont assez méconnues comme celles de la Kinsmuss sur les hauteurs de Bussang ou de l’étang Pinguant sur la route des étangs à Ramonchamp, la « star » du secteur est celle de la Charmes à Rupt sur Moselle, un lieu de plus de 40 ha qui a de plus été aménagé pour accueillir les promeneurs.
Au  printemps, les reines de cet écosystème que sont les linaigrettes déploient leur crinière caractéristique, un peu à la façon de la chevelure désordonnée qui est rattachée aux portraits les plus célèbres d’Albert Einstein. Un vrai plaisir à contempler !
Et si le lieu a connu des épisodes d’une grande violence (détails dans la publication demain), il y a bien longtemps qu’il a retrouvé son calme et sa sérénité. Cette « vieille dame », âgée de quelques 12 000 ans a vu le jour au sortir de la dernière glaciation, dans une de ces cuvettes libérées par la fonte des glaciers que les pluies n’ont pas manqué de remplir. L’ancien lac du plateau de Longegoutte, à cheval sur les communes de Rupt sur Moselle et Thiéfosse s’est transformé au fil du temps, la végétation colonisant le milieu humide, en prenant tout son temps, à raison d’un centimètre par siècle. La décomposition des plantes, ralentie par l’acidité de l’écosystème, a ainsi donné naissance à la tourbe qui, durant 8 000 ans, a ainsi conquis le milieu et l’a transformé en tourbière. Un endroit particulièrement précieux pour les scientifiques qui y retrouvent en profondeur les grains de pollen conservés par la tourbe depuis des millénaires.
  
La tourbe, la « briquette » de chauffage du pauvre, y a été exploitée jusqu’en début de XXème siècle pour le compte des usine Wittmann de Rupt sur Moselle et le site porte encore les stigmates de cette exploitation. Le travail sur place a permis à ceux qui y étaient employés d’échapper au STO (Service du Travail Obligatoire) durant la seconde guerre mondiale. Mais aujourd’hui, plus question d’y toucher : le lieu est protégé depuis le 28 mars 2008 par le Conservatoire des Sites Lorrains en liaison avec la rareté et la fragilité de sa flore et sa faune spécifique. De nombreuses espèces sont étroitement liées à ces lieux, parmi lesquelles la linaigrette bien sûr, mais aussi d’autres plantes caractéristiques comme la droséra, cette minuscule plante carnivore qui sait attirer les moucherons et autres micro insectes avec ses tentacules gluants à souhait afin qu’ils se collent dessus avant d’être lentement digérés pour satisfaire ses besoins en azote de la plante. Autre « vedette » de la tourbière : l’airelle rouge, la canneberge et son papillon associé : le nacré de la canneberge, que l’on ne trouve qu’en tourbière, tout comme d’autres espèces comme le solitaire, le cuivré de la bistorte ou le fadet des tourbières. De nombreuses libellules sont également liées à cet écosystème si particulier. Aujourd’hui, ce sont plus d’une vingtaine d’espèces qui sont protégées, comme le pic noir, différentes espèces de chouettes ou encore de chauves-souris.
Si l’idée vous prend d’aller vous balader sur place, pensez à vous protéger contre les moustiques et surtout restez bien sur les sentiers : la tourbière est un milieu extrêmement fragile.
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