2020_07_31 Fresse musée d'Alain et Jean-Luc - le-thillot.com : l'actualité gratuite du Thillot et Environs

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FRESSE SUR MOSELLE

Le musée trésor d'Alain et Jean-Luc

Sur les hauteurs de Fresse, Alain et Jean-Luc ont conjugué leurs efforts et leurs savoir-faire pour permettre un superbe voyage dans le temps. Rencontre.
Alain est un orfèvre du travail du bois, Jean-Luc l'est tout autant, mais en mécanique. Les deux cultivent une passion commune pour les gestes et objets d’antan, non par nostalgie, mais pour alimenter une mémoire collective faisant partie de l’histoire locale. Potes depuis 35 ans, les deux compères ont mis en œuvre un projet ambitieux - et même quelque part un peu fou - qu’Alain mûrissait depuis un moment déjà : monter un musée construit autour d’un haut-fer alimenté par une chaudière à vapeur.
Et pourtant, les deux copains, qui conjuguent leurs qualités professionnelles – Alain a dirigé avec succès son entreprise de menuiserie à St Maurice et Jean-Luc a passé 45 ans à TRW, terminant comme cadre -  avec une mentalité de bosseurs hors normes, sont venus à bout de ce doux rêve devenu réalité il y a vingt ans maintenant.
« J’ai trouvé la chaudière sous le hangar d’un viticulteur champenois» raconte Alain « Elle était entreposée avec d’autres machines. J’ai contacté Jean-Luc pour une première expertise. Il a émis un avis favorable». C’est ainsi que l’ancienne machine des Chemins de Fer de l’Est de 1890 s’est retrouvée totalement désossée dans l’atelier de Jean-Luc qui l’a remise en état avant qu’une grue compatible avec les quatre tonnes de la chaudière la mette en place sur l’ancien jardin de la ferme où Alain avait minutieusement  préparé le terrain. Une source d’énergie qui est visitée régulièrement par un organisme officiel afin de vérifier qu’elle est parfaitement opérationnelle et en sécurité.
Pour ce qui concerne le haut-fer, il a été récupéré au Haut du Them et a également donné lieu à une remise en état complète et une installation millimétrée. « J’avais donné des cotes très précises à Alain pour installer le chariot et l’ensemble du mécanisme » se souvient Jean-Luc « Au moment de l’installation, tout s’est impeccablement passé ». La large lame de scie installée à l’étage du bâtiment est parfaitement actionnée par la chaudière installée au rez-de-chaussée.
Le mouvement est transmis via une mécanique de précision associant courroies de transmission, engrenage de renvoi d’angle et système d’embrayage-débrayage.
L’ensemble est donc installé dans un superbe bâtiment en bois avec un auvent sous lequel trône un imposant bœuf, mastodonte de 600 kilos de bois sculpté par Christian Claudel et peint par Olivier Claudon.
En 2000 donc, le musée a reçu ses premiers visiteurs. « Nous avions invité les anciens sagards du secteur » raconte Alain « Il y avait notamment  Georges Lambert qui s’est occupé durant des années de la scierie communale du Ménil, installée à la sortie de la commune sur la route des Fenesses où se trouve maintenant une graniterie ». Jean-Luc complète « Il était visiblement très ému, mais n’a pas hésiter à nous eng… avec force jurons quand il a vu que nous mettions un outil à la mauvaise place, risquant d’abîmer le lame ! ».
Depuis, de nombreux outils et machines ont rejoint le musée, ainsi que des ustensiles tantôt récupérés localement, tantôt fabriqués dans la pure tradition par les mains expertes d’Alain. Au sous-sol ont été installées deux anciennes machines alimentées électriquement permettant la fabrication de sabots, ainsi qu’un tour à bois et une scie circulaire, tous deux actionnés par un pédalier mu à la force du mollet. Pour la partie fromage, légumes et cette fête qu’était le moment de tuer le cochon, le duo a pu compter sur le sens artistique de Michel Naegelen qui a fabriqué des accessoires en béton cellulaire peints plus vrais que nature.
Officiellement autorisé à recevoir du public « Une vingtaine de personnes maximum » précise Alain, le tout sans avoir à ouvrir le porte-monnaie, le musée constitue un lieu magique permettant de remonter dans le temps pour une visite agrémentée des nombreux commentaires souvent croustillants des deux complices, le plus souvent puisés dans leur souvenirs de jeunesse.
Une ferme rénovée "à l'ancienne"
  
Et ce n’est pas tout. Alain a entrepris de transformer une ancienne remise en annexe de ce musée, servant par ailleurs à recevoir la traditionnelle fête familiale du nouvel an. Sur place est installé un superbe métier à tisser, lui aussi passé par les mains expertes de Jean-Luc qui l’a remis en état. Le lieu intègre également une cuisine à l’ancienne avec son incontournable « quatre-pots » et des ustensiles de cuisine quelques fois étonnants comme cette grosse gamelle fermée avec manivelle servant à torréfier le café vert envoyé par un lointain membre de la famille exerçant comme prêtre à Madagascar. Enfin, Alain n’hésite pas à faire visiter la ferme qu’il a superbement « retapée » avec un sens aigu de l’authenticité, en lien avec ses souvenirs de môme qui a vécu son enfance sur place…
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